Témoignage : Pour Armand Pagano, « handicap rime avec capable »
Arrivé en février 2017 à l’âge de 20 ans à Esatitude Nice De Alberti après un parcours scolaire et professionnel au sein du lycée professionnel les Palmiers à Nice filière Gestion Administration, Armand Pagano a travaillé aux ateliers internes et assuré le traitement du courrier pour la CAF, avant que ce contrat ne prenne fin. Il a également assuré l’accueil de l’Esat pendant 3 ans jusqu’en novembre 2021.
A cette date, quand on lui propose une Mise À Disposition pour être agent administratif et superviser le secrétariat des 3 CAJ de Nice et Menton, Armand accepte rapidement.
« Je voulais travailler dans le milieu ordinaire mais quand je postulais, mes candidatures restaient sans réponse. J’ai reçu un refus. J’ai dû grandir et m’imposer en m’adaptant avec mon handicap. Je savais que ce travail serait difficile mais je voulais montrer que j’en étais capable ».
Dans le cadre de cette création de poste, Armand enchaîne quotidiennement de nombreuses missions : suivi des dossiers d’admission des personnes accompagnées, facturation et gestion des fournisseurs, commande de fournitures, gestion des absences, mais également rencontres avec les familles, suivi des réunions de CVS et des réunions d’équipe. « Armand est très investi et réactif. Il a toujours le souci de bien faire. Dès son arrivée, il a fait preuve d’une grande capacité d’adaptation. Il est très autonome dans son travail », souligne Priscillia Bosco, Chef de service.
Je n’ai pas cette casquette de travailleur en situation de handicap, c’est moi qui
accompagne de manière administrative les personnes, en lien étroit avec les équipes éducatives.
Formé par Catherine Lorenzoni, assistante de direction des établissements de l’accueil et de l’habitat de Nice et Menton, Armand se démène quand une difficulté survient.
« J’aime ce travail. Je suis très exigeant avec moi-même. Devant une urgence, je vais chercher l’information. Je trouve des solutions. Je sais qu’il faut parfois savoir dire non, pour ne pas se mettre en difficulté. Mais quand je m’engage sur un travail, je le fais. Je suis content de ce que j’accomplis aujourd’hui et j’espère que les autres le sont aussi ». Armand est reconnu comme un salarié au service des personnes accompagnées. « Je n’ai pas cette casquette de travailleur en situation de handicap, c’est moi qui accompagne de manière administrative les personnes, en lien étroit avec les équipes éducatives. Je ne conçois pas ce travail seul dans mon coin.
C’est un travail de construction. On est une équipe ».
Je veux avancer, c’est tellement difficile de faire changer les mentalités
Avide d’apprendre, Armand se questionne en permanence sur le monde du handicap, pour faire tomber les barrières et changer les regards. « Aujourd’hui je veux avancer, c’est tellement difficile de faire changer les mentalités. Le handicap, ce n’est pas que l’accompagnement, c’est aussi le travail. Il faut parler du handicap de manière positive et inviter les entreprises à venir voir le travail réalisé dans les Esat. Nous pourrions également créer des postes de référents
handicap pour assurer un accompagnement des travailleurs quand ils quittent l’Esat. »
Si ce poste ne lui a pas permis de réaliser son souhait de travailler dans le milieu ordinaire, Armand s’épanouit et relève toujours de nouveaux défis. Une réflexion est actuellement en cours pour transformer ce poste en CDI et permettre ainsi à Armand de quitter l’Esat pour être un professionnel de l’ADAPEI AM. « Ce serait pour moi la reconnaissance de mon travail ».
Un message d’espoir pour d’autres travailleurs en ESAT et une avancée capitale contre les préjugés.