O b je c t if s , l e ma g a zi ne d e l’ A . D . A. P .E . I . - A . M . N umé ro 6 5 / d é c emb r e 2 0 1 4
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N o t r e a c t u a l i t é
Le rapport se compose de trois tomes. Le premier
présente les analyses et les préconisations du
groupe. Le deuxième est constitué de toutes les
contributions provenant de la plupart des acteurs
du sujet : associations, organismes de protection
sociale, organisations appartenant à l’économie
sociale et solidaire, institutions de prévoyance…
Le troisième comporte les comptes rendus des
visites effectuées sur divers sites pour soumettre
les propositions du groupe aux réalités du terrain.
Pour commencer, il est impératif d’anticiper le
phénomène du vieillissement, d’en prévenir les
effets, de repérer ses conséquences intellectuelles
et physiques et d’accompagner les personnes une
fois qu’il est installé. Le régime alimentaire, les
activités physiques, la participation à la vie sociale
et citoyenne…, sont autant de conditions pour
s’assurer une avancée en âge la plus positive pos-
sible. Cela vaut pour les personnes handicapées
comme pour les autres.
Ces étapes sont à franchir et ces conditions sont
à réunir qu’il s’agisse d’une personne handicapée
avançant en âge à son domicile ou dans une ins-
titution. Elles seront intégrées dans les protocoles
de l’aide à domicile pour la première et dans les
projets individuels et d’établissements pour la
seconde. Pour l’une comme pour l’autre, elles figu-
reront dans le plan de compensation personnalisé,
ce qui implique la MDPH et la Commission dépar-
tementale pour l’autonomie des personnes handi-
capées, ce qui suppose une formation adéquate de
leurs agents et de leurs membres.
Concrètement, l’avancée en âge de la personne
handicapée, qu’elle se produise chez elle ou au sein
d’une structure spécialisée, pourra se traduire par une
réduction progressive de l’activité professionnelle, le
recours à un accueil temporaire en institution pour
préparer un changement de lieu de vie, le passage
d’un logement personnel vers un établissement adap-
té… Elle pourra également impliquer de rendre plus
accessible et de médicaliser la structure d’accueil, de
soutenir les aidants, notamment familiaux…
Des évolutions institutionnelles sont également
envisageables comme une meilleure prise en
compte du vieillissement dans les outils d’évalua-
tion de la situation et des besoins de la personne
handicapée, dans les enquêtes, les schémas géron-
tologiques des ARS et des conseils généraux, les
politiques des associations, notamment gestion-
naires d’établissements et de services…
Il est indispensable d’intégrer l’avancée en âge
dans la formation des professionnels de l’aide à
domicile et du secteur spécialisé, de l’ouvrir à
tous les membres d’une équipe intervenant auprès
des mêmes personnes, de la dispenser sur site, d’y
intégrer la conduite du changement, d’associer
des personnes handicapées dans sa conception et
sa dispense…
Comment ne pas comprendre, par ailleurs, qu’il
est urgent de simplifier les procédures de recon-
naissance du handicap, d’orientation, d’admis-
sion, de suivi… Comment ne pas comprendre
qu’il est impératif de coordonner les innombrables
acteurs que sont les CLIC, les MAIA, les territoires
de santé, les MDPH, les maisons de ceci, de cela…,
et de leur faire partager une culture et des pra-
tiques de coopération.
Ce qui importe finalement d’abord, c’est ce qu’at-
tend, ce que comprend, ce dont a besoin la
personne à qui tout ça est destiné. Ce n’est pas
uniquement un bénéficiaire, un usager, un ayant
droit, c’est un citoyen !
Fini le temps du règne exclusif de l’expert qui éva-
lue la personne handicapée, même âgée, et qui lui
octroie ce qu’il estime lui être nécessaire ! Si elle le
peut, la personne concernée, même handicapée,
même âgée, doit pouvoir exprimer ce à quoi elle
aspire. Dans toute la mesure du possible, sa com-
préhension et son assentiment sont à rechercher,
obtenir et respecter.
Enfin, et peut-être surtout, il est impératif que
l’image que notre société a de l’avancée en âge
change ! Le plus souvent, la personne âgée désire
participer à la vie de la Cité, aider les siens, être
utile, prendre sa part dans les débats publics,
faire profiter l’environnement de son expérience,
être fière d’elle-même, ne pas être à la charge des
autres. C’est là que réside l’essentiel de l’adapta-
tion de la société au vieillissement ! C’est là l’enjeu
majeur de la législation et de la réglementation en
cours d’adoption… »
Patrick GOHET